« Le suicide chez les jeunes et les jeunes adultes au Canada : perspectives des parents endeuillés sur les systèmes de soins »
Présentée par Toula Kourgiantakis, chercheuse régulière au JEFAR et professeure agrégée à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval et Romy-Naïma Tousignant, étudiante à la maîtrise sur mesure en psychologie, psychoéducation et travail social.
Résumé de la présentation :
Contexte : Le suicide est la deuxième cause de décès chez les adolescent.e.s et les jeunes adultes âgé.e.s de 15 à 24 ans au Canada. Bien que plus de 90 % des jeunes qui décèdent par suicide présentent des troubles de santé mentale, la majorité ne reçoivent pas les services nécessaires, et l’urgence constitue souvent le premier point de contact pour un.e jeune ayant des idées suicidaires ou des comportements suicidaires. Des études ont révélé que les parents perçoivent les services de santé mentale pour les jeunes comme inaccessibles et inadéquats pour répondre aux besoins de leurs enfants. D’importantes lacunes subsistent dans la compréhension des expériences des jeunes ayant eu recours aux systèmes de soins avant leur décès par suicide. Les parents sont particulièrement bien placés pour fournir des informations essentielles, permettant de mieux comprendre le rôle des systèmes de soins dans la prévention et la prise en charge du suicide. L’objectif de cette étude était d’examiner comment les parents endeuillés décrivent les systèmes de soins ayant interagi avec leur enfant avant son suicide.
Méthodologie : Pour cette étude qualitative, nous avons adopté une approche de recherche participative basée sur la communauté et collaboré avec un centre de traitement résidentiel en milieu rural en développement pour les jeunes adultes souffrant de troubles mentaux graves, ainsi qu’avec des parents endeuillés par le suicide. Les participant.e.s étaient admissibles s’ils étaient parents ou proches aidant.e.s d’un.e jeune ou d’un.e jeune adulte de moins de 30 ans décédé.e par suicide. Nous avons mené des entretiens semi-structurés avec les participant.e.s, et les données ont été analysées à l’aide d’une analyse thématique.
Résultats : L’échantillon comprenait 17 parents, dont 12 mères et cinq pères. L’âge des jeunes décédés par suicide variait de 12 à 29 ans, avec un âge moyen de 18 ans. La majorité des jeunes avaient des problèmes de santé mentale et de dépendance, et la plupart avaient reçu des services de santé mentale.
L’analyse des perspectives des parents sur les services reçus par leur enfant avant son suicide a permis d’identifier huit thèmes majeurs : (1) des obstacles significatifs à l’accès aux services; (2) des lacunes dans la continuité et la coordination des soins; (3) l’absence de lignes directrices claires pour l’évaluation du risque suicidaire et l’élaboration des plans de sécurité; (4) la nécessité d’une meilleure qualité des soins en santé mentale; (5) une formation inadéquate des intervenant.e.s; (6) une implication limitée des parents dans les services et traitements offerts à leur enfant; (7) un manque d’information transmise aux jeunes et à leurs familles sur la santé mentale, les traitements, les plans d’intervention et les services; et (8) des jeunes ayant vécu des expériences d’intimidation, de racisme et de discrimination.
Conclusion : Le suicide des jeunes constitue un enjeu majeur de santé publique, et les statistiques récentes montrent que, bien que le taux de suicide demeure trois fois plus élevé chez les garçons, les adolescentes âgées de 15 à 19 ans affichent le taux d’hospitalisation pour tentatives de suicide le plus élevé au Québec. Nous discuterons des implications pour les politiques, les services et la recherche en matière de prévention du suicide chez les adolescent.e.s.
Détails à venir.
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